Depuis quelques années, les nouveaux projets du MCU sont tout aussi inintéressants les uns que les autres. Séries dérivées aux enjeux mineurs, films bâclés qui ont dû mal à rivaliser avec les précédentes phases et de moins en moins de succès critique et commercial. Ce nouveau Captain America ravive néanmoins notre intérêt – pour la première fois depuis le COVID – avec une double promesse contenue dans son synopsis. Premièrement, cette histoire d’un président américain qui souhaite combattre son ennemi de toujours, le nouveau Captain America Sam Wilson, nous laisse supposer que ce film réussira à parler du présent et notamment du nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump. Deuxièmement, avec les annonces récentes du MCU sur son nouveau grand méchant, le docteur Fatalis, on peut espérer que ce film sera une pièce majeure du puzzle, après tant de films secondaires. Deux espoirs placés entre les mains du super-héros à la bannière étoilée. Deux exceptions qui confirment que la période dorée du genre super-héroïque est derrière nous. Le second Captain America réussissait à faire résonner ensemble à la fois une période du cinéma américain (les thrillers politiques des années 1970) et l’histoire contemporaine des Etats-Unis (la montée du fascisme et les intelligences artificielles). Ce dernier volet ne réussit pourtant à ne tirer aucune métaphore de son scénario, et ne se repose pas la moindre seconde sur le genre du thriller paranoïaque (alors qu’il raconte l’histoire d’une tentative d’assassinat contre un président à la maison blanche, et un complot permettant de contrôler les esprits). Échec cinématographique – dont nous sommes habitués depuis les quinze derniers films du MCU – et échec politique – dont nous sommes malheureusement habitués depuis la dernière décennie du cinéma populaire américain. Tout semble faux, loin du réel, que ce soit les décors (ces affreux cerisiers du climax), les dialogues et les rires. Dans quelques séquences du film – moments rares et précieux – Anthony Mackie, l’interprète du super-héros, semble être sur le point de faire basculer le film dans le réel. Il évoque dans quelques séquences les injustices causées par le gouvernement américain, puis tout cela s’évapore lorsque le scénario nous fait comprendre qu’il n’y a pas de place pour le réel ici. Dommage lorsque l’on sait que l’expression Brave New World (en français Le Meilleur des Mondes) désigne l’ouvrage le plus célèbre d’Aldous Huxley, que les régimes autoritaires tentent régulièrement de censurer. 

En discutant à la sortie du film avec un ami – amateur du MCU depuis 2009 – il m’a répondu que je n’étais pas le public visé, que c’est normal que je n’aime pas ce film, que seuls les fans pouvaient prendre du plaisir devant. J’ai du mal avec cette affirmation pour deux raisons. Premièrement elle ferait de Brave New World une œuvre incritiquable au motif qu’elle se moque d’être de mauvaise qualité ? Un peu trop facile. Deuxièmement, je me demande sincèrement à qui s’adresse ce film qui ne parle de rien. Que l’on ne vienne pas me dire qu’il souhaite parler aux fans du MCU (catégorie que l’INSEE ne semble pas reconnaître) puisqu’il fait à peine référence aux films et séries précédents (à tel point que Captain America rejoue le même arc narratif en boucle) et qu’il ne contient aucune séquence marquante de combats. Les ennemis ne sont que des noms de seconde zone tandis que les enjeux sont encore une fois diminués (deux pays menacent de se taper dessus pour des minerais). On avait déjà vu les films qui souhaitent s’adresser à tout le monde. Marvel invente le film qui ne souhaite parler à personne.


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