La plupart du temps, pour ne pas dire tout le temps, la sortie d’une nouvelle saison de nos séries favorites suscite toujours un double sentiment de la part des spectateurs. 

D’abord, l’excitation. Retrouver les personnages auxquels on s’est attachés, avoir des réponses aux questions laissées en suspens, ou tout simplement voir comment les événements de la saisons précédentes se répercuteront sur les nouveaux arcs narratifs. Mais d’un autre côté, trop nombreuses sont les séries qui souffrent du mal de la saison de trop, celle qui lui fait perdre en qualité et intrinsèquement en intérêt. Passé l’exaltation, c’est souvent la déception qui s’y substitue. 

C’est précisément l’effet qu’à eu l’annonce du renouvellement de la troisième saison de la formidable série Gangs of London. Si j’étais impatient à l’idée de découvrir la suite de la lutte de pouvoir au sein de Londres, je ne pouvais omettre une certaine appréhension… 

En août dernier au sein du Bulletin Ciné N°4, j’évoquais déjà la série pour en dire le plus grand bien, soulignant la manière dont elle met en scène la figure du gangster britannique et le crime organisé dans les rues de Londres. Brutale et sans concession avec son spectateur, n’ayant pas peur de filmer une violence exacerbée, les deux premières saisons m’ont vite séduit. Très friand du style de Gareth Evans, réalisateur gallois particulièrement connu pour la chorégraphie impeccable de ses scènes d’action, sa nouvelle création ne pouvait que me plaire. Ce dernier ayant quitté la réalisation de la série, restant néanmoins producteur exécutif, Corin Hardy avait eu la tâche importante de reprendre le flambeau pour la deuxième saison. Mission qu’il avait mené avec succès, la deuxième saison étant tout aussi réussie et dans la continuité de la première, malgré certaines imperfections scénaristiques.

Pour cette troisième saison, c’est désormais le réalisateur sud-coréenn Kim Hong Sun, qui prend en charge la réalisation et la supervision des huit épisodes qui composeront le nouvel acte de la série produite par la chaîne Sky TV. Diffusée au rythme d’un épisode par semaine, cette suite a fort à faire, poursuivre les pistes d’intrigues laissées en fin de saison précédente et développer les nouvelles positions des personnages principaux. 

Le premier épisode de cette saison 3 est-il une entame de saison convaincante ? 

Il est évident qu’un seul épisode ne suffit pas à savoir si la suite de Gangs of London sera à la hauteur des attentes et du même calibre, que les deux précédentes munitions. Toujours est-il que cet épisode joue sur les forces de la série, un rappel succinct des événements antérieurs, et une reprise au rythme maîtrisé. La nouvelle intrigue qui va nous occuper durant la saison est posée, les personnages sont en place, incarnés par des acteurs toujours autant investis par leurs rôles. Reste néanmoins quelques réserves que j’émettrai à propos de ce premier épisode. 

L’arrivée d’un mystérieux nouveau personnage ne ferait-il pas redite avec la deuxième saison et le personnage de Koba (Waleed Zuaiter), dont l’importance scénaristique avait décrue progressivement au profit d’un retour à la saveur amer ? De même, quand est-il de la scène d’ouverture du présent épisode, laissant relativement perplexe quant à la temporalité et la cohérence avec les deux premières saisons ?

En attendant de répondre à ces interrogations, le rendez-vous est pris pour la mi-mai, date de diffusion du dernier épisode de la saison sur Sky TV, la troisième saison n’étant pas encore disponible en France, car malgré les offres toujours plus variées des plateformes de SVOD, la suite du petit bijou de la télé britannique ne semble pas daigner le bout de son nez sur nos écrans pour le moment. Affaire à suivre donc…


  • Chroniques fidèles survenues au siècle dernier à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville, au temps où le Docteur Frantz Fanon était Chef de la cinquième division entre l’an 1953 et 1956

    Ce texte apporte un contre point à notre autre texte consacré au même film, disponible ICI Alors que les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie atteignent un pic inédit depuis la guerre d’indépendance, le cinéma semble redécouvrir – ou enfin découvrir – la personne de Frantz Fanon. Figure pourtant centrale de la pensée décoloniale,…

  • Peacock (Bernhard Wenger)

    Matthias (Albrecht Schuch), un viennois trentenaire, travaille pour une société de location de proches, domaine dans lequel il excelle, cependant, sa vie sociale s’avère plus délicate. Si le film fait montre de drôlerie, il ne se départit pas de l’inanité de la vie de ces personnes d’âge moyen dont les motifs de satisfaction reposent sur…

  • Super Happy Forever (Kohei Igarashi) : artefacts épars d’un monde perdu

    Sano (Hiroki Sano) séjourne dans un hôtel d’Izu avec son ami Miyata (Yoshimori Miyata), à la recherche d’un objet perdu, il apparaît que ce n’est pas la première fois qu’il se rend en ces lieux.  Après Hold Your Breath Like A Lover (2015) et la co-réalisation de Takara, la nuit où j’ai nagé (2018, Damien…

  • Arnon, un élève modèle (Sorayos Prapapan, Thaïlande, 2022) : lutter ou se conformer ?

    Arnold (Korndanai Marc Dautzenberg), 18 ans, de retour au pays après une année d’échange aux Etats-Unis, effectue son année de Terminale dans un lycée de Bangkok. Brillant élève, il s’interroge sur son avenir. Inspiré d’un mouvement étudiant survenu en 2020, le premier long-métrage de Sorayos Prapapan dresse le portrait acerbe d’une jeunesse thaïlandaise en butte…

  • Frantz Fanon – Abdenour Zahzah

    Chroniques fidèles survenues au siècle dernier à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville, au temps où le Docteur Frantz Fanon était Chef de la cinquième division entre l’an 1953 et 1956 — pour son titre complet, simplifié simplement Frantz Fanon — cherche à donner une idée de qui est ce psychiatre noir, anticolonialiste et fervent activiste antiraciste.…

  • Seinfeld, fini de rire

    Peut-on rire de l’absurde sans sombrer ? C’est ce que propose d’analyser Hendy Bicaise dans son essai Seinfeld, Fini de rire. Un titre pour le moins étonnant lorsqu’on connaît cette sitcom terriblement drôle, qui raconte les petits riens du quotidien de quatre amis  : l’humoriste Jerry Seinfeld, Elaine, Kramer et George. Créée cinq ans avant…

  • Petit tour (du monde) des avant-premières du FEMA

    Le Festival La Rochelle Cinéma est l’occasion de se projeter sur l’année cinéphilique qui vient, à la manière de son homologue cannois. En effet, on y découvre quelques avant-premières de film qui irrigueront les agendas des critiques sur les quelques semaines à venir. Cet article est un rapide tour d’horizon de certains films qui ont…

  • L’oeil dans la tombe : Les Linceuls (David Cronenberg

    Clinique, aride, dévitalisé… Voilà l’énumération d’adjectifs qui se formait dans mon esprit à la sortie de mon premier visionnage des Linceuls. Le dernier opus de Cronenberg est définitivement macabre, mal aimable et, à en croire les agrégateurs de retours spectateurs, tout aussi mal-aimé.  Pourtant, si mon avis initial concordait avec cette réception négative générale, je…

  • Se retrouver pour s’éloigner : L’Aventura (Sophie Letourneur, 2025) 

    Comment filmer la fin manifeste d’une famille ? C’est probablement la question qui innerve le nouveau film de Sophie Letourneur. Sophie (Sophie Letourneur) et Jean-Phi (Philippe Katerine), après Voyages en Italie (2023), regagnent la péninsule italienne, cette fois accompagnés des deux enfants Claudine (Bérénice Vernet) et Raoul (Esteban Melero). Cette villégiature, attendue comme un moment…

  • Images d’une résistance : My Stolen Planet (Farahnaz Shafiri, 2025)

    Premier long-métrage distribué en France de Farahnaz Shafiri, My Stolen Planet revient, avec l’aide d’archives privées, sur près de cinquante ans de lutte contre la République Islamique.  Rapporter des images clandestines d’une société sous le joug d’une dictature devient un moyen d’expression majeur pour les cinéastes iraniens depuis les premières réalisations de Jafar Panahi. Farahnaz…