Hugo (Félix Lefebvre), étudiant de 19 ans, prend ses quartiers d’été dans la maison de pêcheur de son grand-père, il attend l’arrivée de Queen (Anja Verderosa).
Premier long-métrage d’Aurélien Peyre, L’Epreuve du feu s’ouvre, in medias res, sur les préparatifs minutieux du logement. De Hugo, on ne sait rien, si ce n’est qu’il est fan d’un manga dont il possède un poster, décroché du mur pour l’occasion. Le passé des personnages semble de prime abord éludé. En vérité, ce dernier est informé par une série d’éléments – serrure installée à la hâte sur une porte, cicatrices – qui sont autant d’indices de blessures anciennes mais persistantes. Des circonstances exactes de leur rencontre, nous ne saurons que peu. A la sur signifiance de dialogues par trop explicatifs, le réalisateur préfère l’ordonnancement de situations qui mettent en exergue le gouffre social à l’œuvre. Queen est en effet esthéticienne, n’a pas le bac, alors qu’Hugo et ses camarades d’enfance sont engagés dans des études supérieures et jouissent de vastes résidences secondaires insulaires.
Cette lutte des classes s’opère via une forme sobre, ainsi, les musiques extra-diégétiques se font rares et brèves, tout comme les effets visuels auxquels invitaient pourtant les multiples séquences de fête. Aurélien Peyre privilégie le petit théâtre social que représente cette île atlantique et la relation entre ces deux êtres blessés, chacun à leur manière, par le monde. Ce qui unit en effet Hugo et Queen est l’expérience commune du rejet. Le traumatisme affleure régulièrement et vient rappeler au spectateur que sous les faux ongles se dissimule souvent une souffrance.
L’Epreuve du feu donne à voir un jeune homme qui a fait peau neuve, mais dont les séquelles témoignant de son état antérieur sont encore perceptibles, comme un ethos dont on ne peut se départir. Le film montre en effet les atavismes et autres constructions sociales au travail : lorsque Colombe (Suzanne Jouhannet) évoque ses futures études en art, Queen oppose sa spécialisation en nail art. L’antagonisme social résultant de la rencontre entre ces jeunes estivaliers est redoublé, en ce qui concerne les personnages féminins, par une tension politique qui ne dit pas son nom entre étudiante féministe contestant le patriarcat et cette jeune esthéticienne qui perpétue inconsciemment les normes de genre. C’est dans l’exploration de ces hiatus socio-politiques que le long-métrage d’Aurélien Peyre excelle car il parvient à esquisser un certain état de la société sans caricaturer les positions, ni juger.
Image de couverture © Move Movie
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L’Epreuve du feu (Aurélien Peyre, 2025) : conte cruel de la jeunesse
Hugo (Félix Lefebvre), étudiant de 19 ans, prend ses quartiers d’été dans la maison de pêcheur de son grand-père, il attend l’arrivée de Queen (Anja Verderosa). Premier long-métrage d’Aurélien Peyre, L’Epreuve du feu s’ouvre, in medias res, sur les préparatifs minutieux du logement. De Hugo, on ne sait rien, si ce n’est qu’il est fan…