Au milieu de l’effervescence des mouvements intellectuels et artistiques, il y a une personne, une ombre : Marc-Gilbert Guillaumin, ou « Marc’O ». Effleurant, touchant de ses doigts le cinéma, le théâtre, il apparaît comme une ombre dissimulée dans les milieux particulièrement parisiens. Côtoyant Guy Debord et les situationnistes, André Breton et les surréalistes, il peut paraître étonnant de lire qu’il ne fait partie d’aucun de ces mouvements. Décédé le 11 juin dernier, sa mort, sans provoquer toute la tristesse d’une population, réveilla pourtant une vive émotion chez certains de nos collègues critiques et amoureux de l’art – Nicolas Moreno en est une preuve : voir son article Marc’O, idole du théâtre et du cinéma d’avant-garde, est mort (Les Inrocks) et Safa Hammad en est une deuxième : Délire et Art de la fuite (Tsounami).
Marc’O, l’homme de l’ombre
Cet entretien-fleuve mené par Gérard Berréby de juillet 2022 à septembre 2024 est à l’image d’un siècle de discussion, de consensus, de divergences : en somme, d’un torrentiel intellectualisme. Dans L’art d’en sortir, un passage résume parfaitement cet afflux de réflexions diffuses :
« Comme disait Marc’O, on parlait beaucoup. Tout était discuté, critiqué, ça c’est assez formidable. J’ai le souvenir de ces discussions permanentes. » – Propos de Stéphane Vilar / Issues d’un échange entre Marc’O et Christina Bertelli le 15 juin 2021 (L’art d’en sortir, page 174)
Caché dans l’ombre, Marc’O rassemble, influence. Alors que chaque mouvement travaille et théorise dans son coin, Marc’O zigzague à travers chacun, jusqu’à prendre en main Le Soulèvement de la jeunesse, suite à sa rupture intellectuelle avec Isidore Isou, bien connu comme étant le créateur du lettrisme. De même lorsque Labarthe voit en Marc’O le deuxième acte de la Nouvelle Vague. Ce dernier point, rares sont ceux à l’avoir entendu ou lu, et c’est justement la force de l’ouvrage qui le révèle grâce à des documents authentiques.
Plongée dans l’inconnu
Plus qu’un entretien, L’art d’en sortir est une véritable plongée dans un monde intellectuel qui ne nous est connu, aujourd’hui, qu’à travers des films et travaux universitaires. L’ouvrage révèle une force à double tranchant : d’un côté, la découverte de Marc’O, l’homme aux multiples connaissances, caché dans l’ombre, de l’autre, la découverte de tout un monde peuplé de figures désormais implantées dans leurs domaines respectifs.
L’art d’en sortir. Mais sortir de quoi ? Marc’O est justement une figure ancrée dans une mythologie, ou plusieurs : du cinéma, du théâtre, de mouvements. Il est tel un feu follet perdu au milieu de divers horizons. Mais avant cela, Marc’O est un résistant, à l’âge de 14 ans. Dès lors, une conscience politique se forge dans l’esprit du jeune homme – dont l’identité ne se réduit pas encore à ce mystérieux pseudo, Marc’O.
L’ouvrage est un cercle continuellement percé par diverses issues, ou plutôt devrait-on dire, de figures. En une page, en deux réponses, Marc’O évoque sa rencontre avec les frères Vian, Jean Cocteau, Isidore Isou ou encore Guy Debord. L’art d’en sortir est un ensemble de nœuds à délier, détisser jusqu’à atteindre son sein et plonger dans des années de réflexion, de rencontres : dans la vie de Marc’O.
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