Blandine, une jeune normande, se rend à Paris pour participer aux festivités des Jeux Olympiques 2024 et retrouver un membre de sa famille, perdu de vue depuis de nombreuses années.
Avec ce premier long-métrage, Valentine Cadic opte pour le motif de l’errance d’un personnage entre deux âges qui ne se reconnaît pas dans les schémas traditionnels : trop âgée pour bénéficier d’une auberge de jeunesse (elle fête ses trente ans au cours de son séjour), mais pas tout à fait entrée dans le monde adulte qui ne semble guère l’attirer. Ce dernier est incarné par Julie (India Hair), une demi-sœur gérant avec difficulté la garde de son enfant avec un ex politiquement opposé à cette grand-messe sportive. La jeune réalisatrice travaille avec brio les situations de malaise entre les deux femmes qui ne se connaissent plus vraiment et dont les parcours de vie divergent. Ainsi, Les velléités de rapprochement sororal de Blandine se heurtent au rejet de Julie qui semble vouloir écourter les retrouvailles. C’est dans la mise à nue des maladresses et petits malheurs de la protagoniste que le film est à son meilleur : que faire lorsque la compétition pour laquelle on s’est déplacée est annulée ou inaccessible ? Reste les rencontres faites en cours de chemin, celle avec un jeune électricien en charge de la maintenance des bassins olympiques, qu’elle rejoint chaque soir. Collision nocturne de deux solitudes, ces séquences sont probablement celles qui dégagent avec le plus de force une forme de mélancolie douce de ceux qui se retrouvent pour un temps, dans un lieu qui leur est étranger.
Cette situation transitoire était déjà au cœur du dernier court-métrage de la réalisatrice (Les grandes vacances, 2022) où une autre Blandine (également campée par Blandine Madec) arrivait seule sur son lieu de vacances, source de désillusions. C’est donc bien la solitude féminine qui est au travail chez Cadic, à la faveur de cette dernière, elle décline des portraits originaux de femmes loin des représentations stéréotypées confinant alternativement à la superficialités des apparences et à une forme d’inquiétude impuissante face l’antagonique masculin. Elle fait également montre d’une volonté de donner à voir un Paris différent, qui s’écarte des lieux communs, le Paris de ceux qui l’habitent. Avec Le rendez-vous de l’été, Valentine Cadic signe un premier long déjà abouti de par la finesse d’écriture des personnages et un parti-pris formel qui privilégie la fixité du cadre aux tumultes de la caméra épaule à laquelle invitait pourtant l’agitation olympique.
Image de couverture © New Story
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